Après le flop de Fish Creek, nous revenons à Lax An Zok dans l'espoir de voir Nounours un peu plus longtemps.
Je passe toute une journée à spoter sans rien voir. 
Le lendemain matin, toujours rien. Pourtant, les caméras d'Evan le filment régulièrement.
Au retour de la pause déjeuner, Evan m'annonce qu'un groupe d'étudiants a spoté notre Nounours à l'embouchure de la rivière à peine une heure plus tôt.
Puisque Babé est resté à disfruter au camion, ni une ni deux, je demande à John de m'accompagner. On est tous les deux des froussards, alors à deux on se sent plus rassurés. 
Je nourris très peu d'espoir car ce grizzly est très farouche. S'il a déjà été effrayé une fois...
Mais il y a à manger aujourd'hui. Les Nisga'a ont préparé des saumons à fumer et il y a plein de restes rejetés à la rivière qui n'attendent qu'à être attrapés. 
Quelle n'est pas notre surprise de voir Nounours se nourrir sans le moindre effort ! 
OK, il ne pêche pas à proprement parlé, mais c'est super sympa de l'observer comme ça pendant plusieurs minutes.
Il y a quelques buissons qui nous permettent de nous cacher. John prend des photos et je filme.
Néanmoins, Nounours nous repère alors qu'on essaie de changer de place (on n'est pas très furtifs, hein ? ). Il prend aussitôt la fuite pour remonter la berge de l'autre côté de la rivière.
On décide de remonter rapidement le sentier dans l'espoir de le voir. Il y a un petit accès à la rivière. On s'y installe et... Nounours arrive. 
Il semble bien qu'il nous voit, ou du moins qu'il nous sente. Mais il ne semble pas gêné outre mesure par notre présence. Alors, on le disfrute.
Après plusieurs minutes, il reprend son chemin. On pense qu'il va partir. On est déjà super content de l'avoir disfruté aussi longtemps. Et puis, il y a cette branche qui le gêne pour passer...
On va passer 20 minutes extraordinaires à l'observer casser cette branche et s'amuser avec les morceaux.
On n'en revient pas de notre chance !
Et on revient au campement tout sourire.
John m'a donné ses photos et moi les vidéos. Merci, John !
C'est une tornade tout sourire qui rentre au camion. Alors, Babé va spoter la rivière dans la soirée et.. il y revoit Nounours. Il n'y aura cependant pas assez de lumière pour faire de bonnes photos.
On décide donc de tenter notre chance près de la rivière en début d'après-midi le lendemain.
Rien.
On attend au campement, puis on revient en milieu d'après-midi. Et là, Nounours arrive.
Après avoir pris un bain, il tente de traverser la rivière mais s'enfuit aussitôt en nous voyant. John et moi le suivons plus haut et il tente à nouveau de traverser, mais John fait exprès de bouger afin de signaler notre présence. Nounours rebrousse chemin pour revenir à l'embouchure où il tente là-encore de traverser. Il finit par renoncer et repartir dans la forêt, de l'autre côté de la rivière.
Cette fois-ci, Babé a pris quelques photos.
Heureux de cette obs bien sympa, on décide de rester une journée supplémentaire.
Le temps est couvert et il se met à pleuviner de temps en temps. On descend à l'embouchure. Pas de Nounours.
On attend en s'asseyant au bout de la plage rocheuse afin d'avoir une vue sur les deux rivières et leurs rives qui se rejoignent à cet endroit. On est à découvert pour ne pas surprendre Nounours. John choisit d'attendre plus loin derrière les arbres.
On attend et attend encore.
A gauche, à droite, rien.
On se dit qu'on va y aller. Le temps devient menaçant et il crachine.
Allez, on attend encore un peu...
Et là, tranquillement, Nounours sort de la forêt à quelques dizaines de mètres de nous. On retient notre souffle. La rive est large, mais on ne veut pas lui bloquer la route.
Il et avance sur les rochers et...
On n'en croit pas nos yeux !
Et l'on disfrute ce nouveau moment particulier avec lui.
Décidément, cet ours est surprenant. On ne le voit quasiment jamais pêcher. Au lieu de ça, on assiste à des instants de vie ordinaire d'ours. Des moments vraiment magiques pour nous.
Au bout de plusieurs minutes, il finit par se relever. Et là, tout émerveillement s'évapore (plutôt pour moi, car Babé est aux anges). Il se dirige vers nous.
Je ne suis pas très rassurée (ça s'entend dans ma voix dans la vidéo, non ? ), mais Babé garde son calme. Il ne sert à rien de bouger trop vite. On ne veut pas énerver Nounours et le faire réagir violemment.
Il semble nous sentir et hésitant à s'approcher. A plusieurs reprise, je me demande s'il nous voit. Pourtant, on est juste en face de lui à quelques dizaines de mètres.
Finalement, Babé finit par bouger avec douceur. Nounours nous observe et finit par rebrousser chemin.
Ouf ! je suis rassurée !
On pense qu'il va s'en aller, mais non. Il s'assoie dans les fleurs et se gratte. Puis il s'approche de la rivière (joue-t-il avec l'eau ou pêche-t-il ?) avant de revenir vers nous. Il semble vraiment décidé à avancer dans notre direction, mais on le gêne. Il finit par retourner dans la forêt.
John, qui nous a rejoint, s'approche trop de la lisière pour faire une dernière photo et le fait fuir.
Dommage.
Oh well, on a passé encore un super moment en compagnie de ce grizzly et on garde ces précieux moments dans nos mémoires et nos coeurs.
Voici les photos de cette dernière rencontre inoubliable.
Il aura fallu du temps et beaucoup de patience, mais on a fini par observer un grizzly en pleine nature.
Petite déception, je ne l'aurais pas vu pêcher de saumon.
Qu'importe !
Ces longues observations sont pour nous bien plus précieuses.
Qui sait ? On en verra d'autres pêcher plus bas... ou pas.
C'est ce qui fait le sel de notre voyage.
