Décidément, ce voyage nous fait faire de nombreuses rencontres. Pour les ours que nous sommes, on n'a jamais autant socialisé !
Mais quel plaisir de rencontrer des gens passionnés, de belles personnes auxquelles on s'attache aussitôt.
Je rencontre donc Paul Lajoie sur le sentier du Mont Laforce.
Paul, aussi surnommé "le Père Noël en vacances", est un retraité qui s'adonne à sa passion : la photographie. Il adore la nature et vient passer tous ses automnes au Parc de la Gaspésie afin de photographier les orignaux. Il connait le sentier du Mont Laforce comme sa poche et a toujours une anecdote à raconter sur tel ou tel endroit, comme ce matin ou il y avait une vingtaine de femelles et un buck entre les "deux bancs" ou bien ce jour ou un buck s'est accouplé avec une femelle juste devant lui et une poignée d'autres privilégiés.
Vous comprenez maintenant pourquoi il nous a donnés envie de rester quelques jours de plus ici.
En quelques heures passées en sa compagnie, je découvre les mœurs des orignaux mieux que dans des livres, comment les apercevoir dans le paysage et agir en leur présence.
Par exemple, les orignaux sont des animaux solitaires. Une femelle va rester avec son veau (c'est comme ça qu'on appelle son petit) et ce sont les bucks (prononcé 'bok', le mâle orignal) qui vont lui tourner autour, venir voir si elle est en chaleur. Donc vous pouvez imaginer sa joie et sa stupéfaction lorsqu'une vingtaine de femelles se trouvait sur le bord du chemin.
Lorsqu'une femelle est en chaleur, un buck reste dans les parages pour la renifler de temps à autre et attendre le court laps de temps où elle sera féconde, quelques heures, durant lequel il pourra s'accoupler avec elle. Bien sûr, lorsqu'un autre buck arrive, il peut y avoir bagarre.
La période du rut se déroule normalement de fin septembre à début octobre. Mais ce qui est étrange cette année c'est que les buck ne "call" pas beaucoup, voire pas du tout. On a vu deux femelles avec leurs veaux, mais aucun buck qui attend dans les parages. Les spéculations vont bon train sur le pourquoi du comment. La période du rut est-elle finie ? Débute-t-elle ? Serait-ce à cause de la chaleur inhabituelle de ce début d'automne ?
En tout cas, je suis heureuse de rencontrer Paul avec qui je "mémère" dès qu'on se croise sur le sentier. Pur québécois, je découvre avec lui tout un tas d'expressions typiques d'ici. Babé n'est pas en reste. Il "mémère" aussi beaucoup avec Paul, parlant photos, orignaux et voyages.
Paul a la "dent sucrée" comme nous. Je lui offre des parts de gâteaux et il nous fait découvrir en retour la tarte au sucre et à la crême (une turie à déguster avec modération si on ne veut pas avoir de crise de foie ! ) ainsi que du ketchup fait maison, une sorte de sauce tomate délicieuse faite avec des piments et des fruits.
Le sentier du Mont Laforce est un hot spot pour faire des photos d'orignaux. Il y a donc beaucoup de photographes amateurs ou professionnels qui le parcourent, encore plus en cette période.
Philippe Henry est l'un d'entre eux et ami de Paul. Nous faisons très vite connaissance et, là-aussi, le courant passe aussitôt.
Philippe est un français immigré au Canada depuis plus d'une dizaine d'années. Il est photographe professionnel, a publié de nombreux articles dans des revues françaises et internationales, et travaille maintenant, entre autre, pour les parcs nationaux du Québec.
C'est un nouveau plaisir que de faire sa rencontre. Nous parlons voyages, expériences photos. Une fois encore, Babé n'est pas en reste pour "mémérer" avec lui. Après quarante ans passés dans la nature, il a tout un tas d'anecdotes à raconter. Nous échangeons des spots obs et mon petit doigt me dit qu'on sera amenés à se revoir.
Discret et attachant comme Paul, Philippe fait partie de ces personnes que l'on est content de croiser sur son chemin. Il a un site web www.philippe-henry.com ainsi qu'une page Facebook que je vous invite à aller voir. Ses photos et ses films valent le détour.
De même, je vous invite à aller voir la page Facebook de Paul qui contient aussi de superbes photos.
Il semblait y avoir un peu plus d'activité du côté des orignaux à notre départ. J'espère pour nos deux amis qu'ils ont pu faire de belles photos.