Jeudi 20 juillet. Nous avons passé une nuit presque calme. Ça fait du bien.
On se prépare rapidement pour arriver au poste frontière mexicain à 8h, située à une quinzaine de km de la (18.492393,-88.395867). Enfin, c'est ce qu'on croyait...
Il y a bien un poste frontière, mais il n'est que pour les piétons. En fait, pour faire passer le véhicule, il faut prendre le Libramiento, la route qui contourne la petite ville frontière de Subteniente Lopez.
Il y a bien un passage frontière indiqué sur I-overlander, mais ce n'est que la douane de Belize.
Après un petit détour dans les rues de la ville, on revient donc sur la bonne route.
Le poste frontière mexicain se situe au début du Libramiento (18.503458,-88.388984).
Il y a très peu d'indications sur la sortie du Mexique sur I-Overlander. On y va donc en live.
Dès le début, on est arrêtés par une douanière qui vérifie les documents du véhicule. Elle jette un coup d'œil rapide au numéro du véhicule et à l'intérieur, et nous dirige vers la caseta de l'immigration qui ressemble à un poste de péage.
Là, une autre douanière prend nos passeports avec les papiers d'immigration. Rapides coups de tampons, elle ne demande même pas le ticket de paiement des visas. Heureusement parce qu'avec la chaleur il s'est complèment effacé. Sinon, il aurait fallu les repayer. Cool !
Elle commence à nous expliquer ce qu'il faut faire pour avoir à nouveau 180 jours de visa. On lui explique qu'on va vraiment au Belize pour le visiter, ensuite passer au Guatemala pour revenir plus tard au Mexique. Elle nous rend alors les passeports en nous disant d'aller dans l'autre caseta pour les papiers du véhicule. Comme on a un permis d'importation de 10 ans, elle nous dit finalement que ce n'est pas la peine et nous souhaite bonne route. Tout est bon.
Voilà, on a passé l'immigration mexicaine en 5 minutes. Espérons qu'on n'ait rien oublié de faire pour pouvoir à nouveau y entrer dans quelques mois !
On fait quelques km. Il y a un portique avec marqué "fumigation". J'ai lu qu'il fallait y passer et payer pour entrer dans le pays. Une voiture mexicaine passe tout droit juste à côté.
Babé hésite et s'engage finalement. Un liquide est projeté sur le camion.
Un gars sort de la caseta juste après et nous fait signe d'avancer. Souriant, il m'explique qu'il faut payer dans un anglais à l'accent difficile à comprendre. Il accepte les pesos, les dollars US et Belize.
En pesos ? C'est 110 pesos.
Je n'ai que 200. Il me rend un billet de 10 Belize dollars à l'éfigie de la Reine d'Angleterre et remplit un papier que l'on doit montrer ensuite aux douanes.
Et c'est reparti pour quelques km jusqu'aux douanes de Belize. Pas de panneau de bienvenue, pas de drapeaux, juste "Belize" écrit en gros avec des lettres de toutes les couleurs sur un rond point et auquel il manque le L. Je ne fais même pas la photo.
Arrivés au poste frontière, on ne sait pas trop quoi faire. Je n'ai pas lu d'infos précises là-dessus.
Un gars accourt vers nous et nous demande de nous garer. Il a un T-shirt avec écrit "Porter" dessus.
Babé lui dit machinalement "Hola, Buen dia !" et le gars répond "Good morning !" en disant avec un sourire qu'ici on ne parle plus espagnol mais anglais.
Eh oui, le Belize est le seul pays de langue anglophone de l'Amérique centrale ! Il va falloir s'y faire.
Il nous dirige vers le premier bureau situé à l'entrée du bâtiment. Là, un douanier nous demande de remplir les documents d'immigration : nom, prénom, vous restez combien de temps (le maximum : 30 jours), etc... et aussi notre première adresse de résidence dans le pays. Comme j'étais au courant de ce petit détail, on écrit le "Caribbean Village" à Corozal, là où je veux dormir ce soir.
Nos papiers remplis, le gars nous dit qu'il faut passer ensuite à l'immigration, la douane puis payer un droit d'entrée au gars au T-Shirt vert avant de terminer par l'assurance dans le bâtiment blanc.
Ok-ok. On commence par la "migration" qui se situe dans le bureau suivant.
Une petite note au passage : toujours pas de drapeaux. Il y a quelques pub. Les douaniers ont un uniforme mais ce pourrait être aussi bien des agents de sécurité. Le bâtiment semble vétuste ou plutôt laissé à l'abandon.
Arrivés devant le bureau, on assiste au changement de poste. Un gros black de 150kg laisse la place à une petite black toute peinturlurée jusqu'aux ongles qui prend bien son temps pour s'installer.
Je le prends "philosophe". Babé se demande si c'est une blague !
Ah oui, autre nouvelle impression : ici, tous les gens sont noirs. C'est un peu étonnant au début après avoir croisé des mexicains depuis 6 mois, mais finalement pas tant que ça puisqu'avant Bélize était une colonie anglaise avec des esclaves africains. Maintenant, c'est une monarchie constitutionnelle, avec pour reine Elizabeth II, qui fait partie du Common Wealth.
La petite douanière a un doute sur ce que Babé a écrit pour "Occupation". Forest quoi ? Il a pourtant une si belle écriture...
Ce petit malentendu éclairé, elle tamponne rapidement nos passeports, nous les rend et nous dirige vers la douane dans le bureau du fond. Là, le sketch !, c'est un douanier en formation qui nous reçoit, suppervisé par un autre douanier qui papote en même temps avec un troisième douanier tout en regardant souvent son téléphone.
Moi, j'en rigole. Babé s'impatiente, d'autant que c'est la première fois qu'ils ont affaire à une carte grise française. "Fourgon" means "van" ?
On attend donc patiemment que le douanier ait tout rempli à la main et un peu à l'ordi.
Il y a trois insectes morts sur le comptoir. J'espère qu'ils ne vont pas tomber sur une des fourmis "vivante" qui circule dans la camion !
On doit ensuite l'accompagner pour qu'il inspecte TiNéfant. Rapide coup d'oeil derrière, dedans et on repart.
Il finit de faire son truc au bureau et nous rend nos papiers.
Ayé, on en a fini avec la douane !
Reste le gars au T-shirt vert à qui on doit payer un "road permit" de 30 Belize $. On peut payer en dollars US ce qui nous en coûte 15$ US.
On en a fini avec les douanes... ou presque.
Deux douaniers nous arrêtent à la barrière en sortant et nous demande de regarder dans le camion. Nouveau rapide coup d'œil, on est libre de passer.
Pour la énième fois, on nous rappelle qu'il faut prendre une assurance pour le véhicule dans le bâtiment blanc.
On en prend la direction quand, sifflet, le gars au T-Shirt "Porter" nous demande de nous arrêter. En fait, il veut un petit tip pour nous avoir guidé dans les douanes. Il accepte toutes les monnaies. N'ayant pas grand-chose à portée de main, on lui donne 10pesos mexicain. Désolés, gars, on n'est pas des américains !
500m plus loin, nous entrons dans le bureau sur-climatisé de l'assurance. Ne sachant pas combien de temps on va rester, on demande 30jours qui coûtent 30$US. Je donne 40, il me rend 20 Belize dollars.
Et voilou. Après plus d'heure, nous avons passé les douanes de Belize.
Toujours pas un panneau de bienvenue, pas de drapeaux, de panneaux indiquant les limites de vitesses et autres interdictions (drogues, alcool, armes à feu, les habituels quoi !), seulement un panneau de pub de bienvenue dans la zone Duty Free.
Un virage et on tombe sur un contrôle de police routière. Le gars demande à voir le permis de Babé et nous laisse passer.
Je suppose que si on n'a pas d'assurance, on doit aussitôt banquer.
On reprends la route au milieu des plantations de canne à sucre et de patches de forêt.
Direction Corozal à une dizaine de km de là en bord de mer caraïbe où je veux me poser quelques jours pour aller spoter les rivières à la recherche des lamantins.
Je m'attendais à une ville balnéaire. En fait, à première vue, on a plutôt l'impression que les gens vivent comme ils peuvent ici et que, parfois, il y a un truc qui ressemble à un hôtel.
On se gare près de la place. Je vais retirer 800 Belize $ (environ 400euros) à la Scotia Bank sans frais de distributeur ! Une première depuis un an !
Babé est à peine descendu qu'un gars en vélo avec des rasta enroulées sous un bonnet l'aborde pour lui demander de la marijuana.
Non mais ça fait pas 5 minutes qu'on est arrivés les gars !
Bref. Babé éconduit le gars qui semble bien déçu et va m'attendre à l'ombre des arbres pendant que je pars à la recherche d'une fruteria. Je n'ai pas racheté de fruits et légumes de peur qu'on me les prennent à la douane.
Magasins de fringues, de trocs, quelques restos entre des maisons fermées, une sorte de supermarché et quelques légumes vendus au bord de la rue. Pas de Fruteria à proprement parlé. Après avoir demandé, on m'oriente vers le "market".
En route, je passe devant le poste de police aux couleurs vert fluo. Dommage que je n'ai pas eu l'appareil photo. Cinq femmes bien en chair attendent en papotant gaiement sur le banc devant la façade. Pas un uniforme à l'horizon. Est-ce que c'est ça les forces de police de Corozal ?
Les quelques véhicules stationnés à côté ne sont pas en très bon état. Gros contraste avec les gros 4x4 tous neufs mexicains et leurs équipements de robocop...
Le market est constitué de trois allées parsemées d'échoppes à moitié fermées. Les quelques stands ouverts ne proposent pas grand-chose. Dans les "fruteria", il n'y a que quelques fruits et légumes qui ne sont pas toujours de grande fraîcheur.
Je demande le prix des pommes.
"1$ for one.", répond la dame.
Nouvelle reparque au passage : les gens sont super sympa ici. Souriant, ils sont très amicaux.
"1$ for one kilo ?", je demande.
Un gars qui vient d'arriver pour acheter des oranges à moitié pourries lui demande pourquoi elle rit.
Elle répond que c'est parce que je pense que c'est 1$ (= 0.5€) le kilo de pomme. S'en suit l'explication que c'est 1$ LA pomme. Oui, c'est cher, mais mes deux compagnons m'expliquent que tous les fruits viennent du Mexique parce que ceux qui sont produits dans le pays partent tous à l'exportation. Quelques légumes sont produits et vendus localement.
Le gars, un enthousiaste qui veut faire grandir son pays, me dit sa foi en le changement, que son pays va s'émanciper. Comme c'est le seul pays anglophone, il pense que le pays va se développer en faisant venir des touristes américains et anglais et que, du coup, la production va finir par rester dans le pays et coûter moins cher.
J'achète une grosse mangue pas mure à 2$ la pièce (1€), remercie mes hôtes de leur charmant accueil et m'en vais acheter des tomates à 2$ le pound (1€ les 500g) et des courgettes à 1.75$ le pound.
Je crois qu'on va manger beaucoup de pâtes au beurre...
Je retrouve Babé sur la place. Une enceinte enfermée dans une boîte en fer diffuse de la musique popo anglaise.
On prend la route pour se rendre au Caribbean Village, une sorte de resort à bas coût qui fait aussi camping à 20 Belize $ la nuit (10euros).
J'avais lu sur I-Overlander que le gérant-pas-aimable jouait entre Belize dollars et US dollars pour faire monter les prix. Et ça ne manque pas avec moi. Il m'affirme que c'est bien 20 US $ la nuit même sans hookups.
Je sors aussitôt. Je n'aime pas être prise pour une cruche-banque-touriste et on se dirige vers un autre resort qui là, nous dit que c'est pas possible parce qu'on est trop long.
les quelques jours de tranquilité semblent s'éloigner à grands pas...
On pourrait bivouaquer sur un des nombreux parking en bord de mer, mais... les derniers échos que j'ai de I-Overlander ne sont pas bons (des voyageurs sont morts), ce qui est confirmé par le jardinier mexicain avec qui Babé parle. No seguro.
On déjeune de pâtes grillées au beurre (j'vous l'avais dit ! ), une sieste et on fait un tour du front de mer à la recherche d'un parking au nom de "Mence's" qu'on ne trouve bien évidemment pas. J'en profite au passage pour prendre quelques photos de la ville.
Je voudrais me diriger vers la rivière. Or, en dehors de la route pricipale, il n'y a que des pistes. Avec la pluie qu'ils annoncent, on n'a pas envie de galérer.
Adieu les lamantins ici. En attendant, on doit trouver où dormir. J'ai repéré un spot I-Overlander plus bas où on "pourrait" en voir sur un lac dans la réserve de Crooked Tree.
Ni l'un ni l'autre enthousiaste de faire 90km en pleine chaleur, on prend la route résignés.
Y'a des fois comme ça...
Au moins, ça nous donne l'occasion de découvrir un peu le pays. Enfin, ... bof, pour l'instant, le paysage n'est pas transcendant.
Des champs de canne à sucre, quelques forêts, pas mal de villages avec des topes appelés "Bump" (on découvre en même temps qu'on est revenus au système de mesure anglosaxon avec des yards et des miles... ). On voit enfin un panneau de limite de vitesse ! La route n'est qu'une large couche de bitume sans marquage au sol. Les gens roulent super vite et doublent n'importe comment.
Dans les villes/villages, les gazons sont nickels (pas étonnant si les anglais étaient là avant !). Des maisons en bon et mauvais états comme au Mexique. Beaucoup d'églises aussi et, fait étonnant, beaucoup d'écoles religieuses (methodist, Baptist, etc.).
les bus de transport en commun ont passé l'âge de rouler. Il y a quelque vendeurs en bord de route.
Fini la Tecate. Ici, les bières qui sponsorisent les bars sont, pour le peu qu'on en a vu pour l'instant, Belikin et El Presidente.
Les grosses entreprises sponsorisent aussi les arrêts de bus.
Pas de police, des camions de pompiers qui sont trop vieux pour rouler, pas d'école publique... Où est le gouvernement ?
On a l'impression que ce pays n'est dirigé que par des intérêts privés et religieux.
Passé Orange Walk, ville sans intérêt à première vue, on doit payer 1$ pour le pont.
Encore quelques km et on bifurque sur une piste en bon état qui nous mène à Crooked Tree.
Le Jacana Inn a de bons commentaires et est sensé être à 20 Belize $ la nuit. J'ai beau appeler, il n'y a personne.
Le coin a l'air tranquille et il y a des bancs et barbecue à côté. On se pose là au bord du lac.
Un gars du coin, qui ressemble au Père-Noël en quad et s'appelle Harold, vient nous souhaiter la bienvenue. Très sympa, il nous dit que les gens ici sont cool. Il nous parle de son pays et de lui et nous dit que si on a besoin de quoi que ce soit, on n'a qu'à aller le voir. Sympa !
Il nous dit aussi qu'il n'y a pas de lamantins dans le lac.
On disfrute le reste de l'après-midi au bord de l'eau. Ça fait bizarre de sentir l'eau douce et la vase plutôt que les embruns salés et les algues.
Nuit TRÈS calme. Tant mieux, on est crevés.